Nadine Lejaer
Brrrrrr !
Bien sûr que je me souviens de mon premier film d’épouvante. C’était « La Belle et la Bête ». Attention, rien à voir avec le dessin animé gentillet et naïf des studios Disney. Ma version à moi, œuvre du poète Jean Cocteau, datait de 1946 et mettait en scène Jean Marais face à Josette Day. Le décor lugubre, le grimage du héros et les objets qui s’animaient avaient vite fait de me filer les flubes. Et je sautai illico dans le lit de ma sœur qui me vouait aux gémonies. Je n’ai jamais compris son goût pour les films d’horreur.
Faut-il y voir un signe, Docteur ? Quoi qu’il en soit, le temps lui a donné raison. Selon les spécialistes, l’expérience de la peur (récréative !) donne le sentiment d’être prêt à affronter une situation potentiellement dangereuse. Une étude récente menée par des neuroscientifiques danois (Recreational Fear Lab) indique que la population accro à l’effroi a été moins stressée que les autres quand il a fallu appréhender la pandémie de covid. Les amateurs de cauchemars éveillés (à l’abri dans leur canapé) développeraient une sorte de résilience mentale, un certain type de mécanisme de défense contre la crainte des situations inhabituelles. Je confirme.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici