Julien Vandevenne
Bouchons de Bruxelles
Mal embouchés les journaux télévisés, qui considèrent ces derniers temps les embouteillages dus aux travaux du carrefour Léonard comme un sujet majeur et incontournable ?
Quand on est coincé dans un encombrement sur la route, il y a certaines choses qui nous horripilent toutes et tous. Comme ces gens qui changent sans cesse de file pour prendre celle qui va soi-disant plus vite. Ou ceux qui n’ont rien compris au principe de la tirette, et qui refusent obstinément que vous vous rabattiez sur l’unique bande encore roulable. Et je ne parle pas des plus impatients, qui squattent la bande d’arrêt d’urgence sous prétexte qu’ils empruntent la prochaine sortie…. à 800 mètres !
Ces dernières semaines, ce n’est pas mon volant que j’ai rongé, mais ma télécommande, en regardant les infos.
Six minutes : mardi soir, j’ai chronométré au «RTL Info 19 heures», c’est le temps qu’a duré la séquence consacrée aux travaux du carrefour Léonard, en périphérie de la capitale. Une demi-heure plus tard, rebelote au JT de 19h30 de la RTBF… Envoyés spéciaux sur place, aux portes du gouvernement, interviews d’automobilistes, reportage dans les locaux d’un livreur, infographies en studio… On a eu droit à tous les angles imaginables ! Matin, midi et soir, les rédactions bruxelloises foncent sur ces malheureux «embarras de circulation»…
OK, il s’agit d’un axe majeur d’entrée et de sortie de Bruxelles vers la Wallonie. Mais les quelques minutes dans les files pour les navetteurs valent-elles vraiment que l’on sorte le grand jeu dans les bulletins d’infos ? Avez-vous vu les mêmes caméras se déplacer lorsque les automobilistes perdaient chaque jour, pendant plus d’un an, près d’une heure dans la réfection du viaduc de Cheratte ? Y a-t-il autant d’efferverscence quand un tronçon de 20 km sur la E25 entre Arlon et Bastogne est pratiquable à 50 km/h uniquement sur une bande pendant des mois ? Les politiciens se démènent-ils à ce point quand les habitants de Liège (qui s’y connaissent en bouchons !) mettent trois quarts d’heure pour traverser leur ville à cause d’innombrables chantiers mal coordonnés ? Et puis, en cette période tourmentée, n’y a-t-il pas d’autres points de préoccupation à évoquer à ces heures de grande écoute ?
Un peu comme quand il tombe trois flocons de neige à leur porte, les journalistes «brusseleirs» ont parfois une curieuse tendance à surréagir quand il leur arrive quelque chose que tout le reste du pays subit déjà stoïquement…
Julien Vandevenne
Rédacteur en chef adjoint
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