Morgane : «L’Eurovision ? Aujourd’hui, j’en rigole !» (interview)
En 1992, cette Liégeoise de 16 ans défendait nos couleurs à l’Eurovision. Avec «Nous on veut des violons», Morgane n’a pas brillé, mais elle ne renie pas son parcours !
Vingt-trois ans après, c’est une Morgane rieuse et sympathique qui reparle sans complexe de l’Eurovision. En 1992, c’était à Malmö que le gratin de la musique européenne avait rendez-vous pour le Concours Eurovision de la Chanson. La RTBF avait la charge d’envoyer notre compatriote.
Le début d’un conte de fées
«C’était une très chouette expérience à tous niveau», raconte Morgane. «À 16 ans, on vit ça comme un conte de fée, on ne se rend pas vraiment compte. Mais, ce sont aussi de chouettes rencontres avec des artistes qui m’ont appris pas mal de choses.»
C’est Claude Barzotti qui a écrit la musique et Anne-Marie Gaspard pour les paroles de «Nous on veut des violons», un titre choisi par le public. «Quand on me l’a proposée, elle était déjà toute faite, et ils m’ont dit « si ça t’intéresse, c’est un titre que l’on va proposer pour l’Eurovision ». J’ai tout de suite été très enthousiaste.»
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Dix qui en veulent !
Cette année-là, la sélection nationale était diffusée en télé sur la RTBF. «Nous étions dix à vouloir participer au Concours, et dans chaque province, il y avait un jury constitué de téléspectateurs de tous âges et de tous horizons, alors qu’à Bruxelles, à la RTBF, c’était un jury de professionnels», explique la chanteuse. «J’avais la chance d’être un peu plus connue parce que j’avais sorti un single, juste avant.»
Souvenez d’«Un amour aussi grand» qui avait fait les belles heures de «10 qu’on aime» sur RTL-TVI.
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Plébiscitée par les téléspectateurs
Et justement, l’émission de variétés de la chaîne privée avait un peu marqué la sélection belge pour l’Eurovison, puisque un certain Philippe Laumont (et sa compagne Nathalie Lavigne) était aussi de la partie, avec «Douze étoiles en harmonie».
«Ma popularité a joué parce que les téléspectateurs m’ont choisi, en province, mais pas le jury de professionnels à Bruxelles. Je dois vous avouer que j’étais persuadée que ce serait Philippe Laumont, parce que sa chanson parlait de l’Europe, en plus en 1992… Je suis tombée des nues».
Une polémique autour d’un plagiat
Sur place, en Suède, les choses se compliquent un peu pour Morgane. Il y a eu une histoire de plagiat qui avait éclaté, avant de partir pour Malmö. «Arrivée sur place, les premières choses que la presse m’a demandé, c’est de parler de cette histoire. On s’est vite rendu compte qu’on n’allait pas faire gagner une chanson dont la musique était susceptible d’avoir été plagiée», confie Morgane.
Dix ans plus tard, un jugement confirme que le plagiat n’existait pas. Le mal était déjà fait.
Des votes pas très réglo
Le côté face de l’Eurovision, c’était déjà les votes légèrement dirigés et politisés. Pourtant, l’édition de 1992 était la dernière sans les pays du bloc de l’Europe de l’Est.
«Avant le show, on avait déjà une idée de la gagnante, Linda Martin. Les photographes et les journalistes étaient tous sur elle», se souvient la Liégeoise.
La chanson était composée par un monstre de l’Eurovision, Johnny Logan, déjà victorieux 2 fois (en 1980 et 1987). «Je me suis rendue compte aussi qu’à l’Eurovision, certains pays ne se donnent systématiquement pas de points. C’est la réalité qui vous saute au visage. Et à 16 ans, c’est pas facile…», regrette-t-elle. «J’étais déçue d’être aussi bas dans le classement».
«Nous on veut des violons» se classe 20e sur 23, avec 11 points. «Aujourd’hui, j’en rigole… Et juste après l’Eurovision, j’ai été invitée en Turquie pour faire un autre concours de chant, où j’ai rencontré Kylie Minogue et Patricia Kaas.»
Le titre a été disque d’or en Belgique. «C’est une chanson qui me colle à la peau, et quand je fais un récital, c’est celle-là qu’on me demande. Même vingt-trois ans après !»
La fin d’une grande époque
Le début des années nonante, c’est aussi les feux de la rampe avec «Dix qu’on aime», le programme de variétés qui a marqué à la fois une génération de téléspectateurs, mais aussi une génération de chanteurs belges qui avaient une vitrine importante chaque dimanche en prime time.
Une bouffée d’oxygène dans le milieu de la chanson qui durera de 1989 à 1995. «Je ne regrette pas l’arrêt brutal de cette popularité à la télé. J’étais fort jeune à l’époque. Il y a du pour et du contre…», détaille Morgane. «Faire de la scène et la télé, j’adorais, mais le fait de ne pas avoir de vie d’adolescente ou de jeune adulte, ça m’a un peu manqué. Quand ça s’est arrêté, je n’ai pas eu le sentiment que tout s’écroulait. Je continue à faire de la scène et d’ailleurs quand je reste trop longtemps à être sur scène, je me sens mal (rires).»
On a notamment vu récemment Morgane dans «D6BELS on stage» , aux cotés de Laurent Pagna, où elle faisait la 2e voix sur le single «La Vie ne s’arrête pas» à la place de Natasha St-Pier. «Je chante sur des petites scènes, et je ne recherche pas les grandes salles, ni même la gloire. Je préfère même ce côté intimiste. C’est peut-être pour ça aussi que je n’ai pas été très loin après, je ne cherche pas la popularité. J’ai privilégié ma vie de famille et mes enfants. Les gens qui y arrivent, on une volonté et moi, je ne l’ai peut-être plus.» conclut Morgane.
Un spectacle pour enfants en préparation
Depuis, Morgane a produit un single «On est seul au monde», en collaboration avec Mikelangelo Loconte (de la comédie musicale « Mozart »). Et en 2010, elle est revenue avec un album plus rock qu’à l’accoutumée.
Aujourd’hui, maman de quatre enfants, la chanteuse partage son expérience du milieu avec les plus jeunes, en qualité de coordinatrice et d’intervenante artistique au sein des écoles de Blegny. Elle prépare aussi un nouveau spectacle tout spécialement dédié à nos petites têtes blondes…
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