Loïc Nottet : «Je ne voulais pas me formater à l’Eurovision» (interview et vidéo)

Loïc Nottet : «Je ne voulais pas me formater à l'Eurovision» (interview et vidéo)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

La RTBF vient de présenter sa chanson pour l’Eurovision : «Rhythm Inside», un son pop et électro, teinté de hip hop, à l’image de l’univers du chanteur, Loïc Nottet.

La RTBF et Sony ont fait durer le suspense jusqu’au bout, puisque pour dimanche, au plus tard, il fallait que le titre en lice pour le Concours Eurovision soit dévoilé au public.

Choisi par la chaîne publique, Loïc Nottet a travaillé d’arrache-pied pour composer sa propre chanson, «Rhythm Inside». Il a été aidé par BJ Scott pour l’écriture du texte, et produit par Luuk Cox (Shameboy), qui travaille notamment avec Stromae. Une chanson dans l’air du temps qui sera complétée sur scène, à Vienne, par une chorégraphie pensée aussi par le jeune Courcellois.

Loïc Nottet participera à la première 1/2 finale de l’Eurovision le 19 mai prochain.

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Dans quel état d’esprit êtes-vous à deux mois de l’Eurovision ?

Je stresse un petit peu ! La chanson passe dès maintenant sur les radios, et j’appréhende la réaction des gens. Le titre est très différent de ce qu’on a l’habitude de voir à l’Eurovision. Quelque part, ça me fait un peu peur…

Ce côté «ovni» est assumé ?

Même à «The Voice Belgique», l’an dernier, on me disait que j’étais un ovni ! Je dois sans doute l’être naturellement (rires). Au départ, je n’ai pas demandé à faire l’Eurovision, dans le sens où je ne me suis pas proposé à la RTBF pour aller à Vienne. On est venu me chercher. J’ai dit «oui», mais j’y vais comme je suis ! Je ne voulais pas me formater en fonction du Concours. Et tout le monde a été tout de suite d’accord que j’y aille avec mon style et mon univers.

Vous auriez refusé un titre très formaté comme «Love Kills», il y a deux ans ?

Ça dépend ! Si la chanson m’avait convenu ou pas. C’est avant tout une question de coup de cœur et comment je me serais senti en la chantant. Je ne suis pas enfermé dans mon propre univers musical non plus.

Auteur-compositeur et interprète à 18 ans, vous devenez un petit prodige de la scène belge…

Je suis autodidacte et très solitaire, et surtout touche-à-tout. Pour «Rhythm Inside», j’ai franchi le pas en touchant à la composition et l’écriture. Une nuit, j’étais sur mon synthétiseur où j’ai trouvé quelques notes. Ensuite, l’air de voix est venu tout seul. Je n’ai plus rien changé. C’était une maquette que j’avais stocké dans mon PC. Je l’ai fait écouter à mon entourage qui a un avis souvent très tranché, et quand c’est de la merde, ils le disent. Là, les retours étaient positifs, je n’ai jamais eu de mauvaises impressions. Au pire, je recevais un «c’est pas mal» ! J’ai donc poursuivi la chanson en confiance…

Est-ce difficile d’écrire en anglais ?

Je n’écris jamais en français. Avec «Rhythm Inside», j’avais un blocage. Je savais de quoi je voulais parler, et je voulais traiter de tellement de choses que je n’arrivais pas à agencer correctement les mots anglais dans le texte. J’ai fait appel à BJ Scott qui a directement accepté de m’aider. Je lui ai donné mes idées et elle a trouvé les bons mots avec les bonnes rimes.

Quel est le message de la chanson ?

Un message d’universalité. Je combats les inégalités, les regards que l’on peut avoir sur une personne différente en général, handicapée, la couleur de la peau, l’obésité… Je voulais vraiment faire passer cela dans ma chanson.

Ça tombe bien vous êtes dans la même 1/2 finale que le groupe finlandais de chanteurs trisomiques, PKN

La preuve que l’art n’a pas de limite, ni de règles. On peut très bien être trisomique et artiste.

Vous avez écouté les autres titres en compétition ?

Non. Je ne veux pas le faire pour me mettre une pression inutile pour le moment. Je ne sais absolument pas ce qui est sorti jusqu’à présent, donc je ne sais pas si les chansons sont différentes de la mienne (ndlr : il y a déjà une vingtaine de ballades, «Rhythm Inside» est unique). Je suis conscient que ma chanson est d’un autre univers et pour une autre cible que ce que l’on voit habituellement à l’Eurovision.

Quelle chanson vous vient à l’esprit quand on vous parle de l’Eurovision ?

(Tout en chantonnant) «Waterloo»…

Vous ne prenez pas des risques en démarrant par l’Eurovision ?

Que je fasse l’Eurovision ou pas, ce sera pareil. Quand un nouvel artiste se lance et qu’il passe sur les radios pour la première fois, la réaction est la même que s’il passe par un télécrochet. Prenons le cas de Sia. Elle chante depuis vingt ans, et ce n’est que depuis un an ou deux qu’elle cartonne vraiment. Des personnes n’aiment pas sa voix et son côté écorchée. Le risque est le même partout et pour tous.

Le tweet de Sia vous a boosté ?

Un message comme ça donne de l’énergie et surtout de la confiance en soi quand on n’en a pas déjà beaucoup… Elle m’a bien aidé. «Chandelier» est un titre important à mes yeux, et le fait qu’elle le salue, ça m’a fait plaisir.

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Il se raconte que vous allez dessiner vos vêtements pour la performance scénique et que vous réfléchissez aussi à la choré…

Ce sera très sobre et très carré. Pas de flammes, pas de confettis, pas d’effets à l’américaine (ndlr : à l’inverse de Conchita Wurst, en 2014). Ce sera esthétiquement très propre et très carré.

Vous préférez la chanson ou la danse ?

Je ne sais pas choisir. La danse est aussi importante que le chant pour moi. C’est sur le même pied d’estale. Ce qui est amusant, c’est que je n‘aime pas les comédies musicales, même si les deux choses s’y rencontrent. Je n’accroche pas au côté très variété, ni au style de danse qu’on y fait. Ce n’est pas cette image-là que j’ai envie de donner.

Qu’avez-vous retenu de «The Voice Belgique» ?

Beaucoup d’expérience et de l’apprentissage. J’ai pu me remettre en question sur ma voix, mon personnage, ma technique… Une grosse prise de conscience.

Vous pensez déjà à l’après Eurovision ?

J’y vais avant tout pour m’amuser et en profiter. Ensuite, j’aimerais bien continuer dans la chanson. Ce sera l’occasion de prendre la température. Si tous les gens me descendent, on réfléchira… Mais je ferai tout pour rebondir, c’est clair !

Entretien : Pierre Bertinchamps

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