La tirelire de l’Europe

La tirelire de l'Europe
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Comme au Lotto, le budget européen a ses gagnants et ses perdants. Mais ce sont les Allemands qui tiennent les cordons de la bourse. Ce mardi à 21h45, Arte propose un documentaire intitulé «L’Europe, une affaire d’argent ?».

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 16/5/2019

En 2018, le budget de l’Union européenne était de 160 milliards d’euros. Un nain à côté de son homologue des États-Unis qui pèse vingt fois plus : 3.325 milliards d’euros. Et si on le compare au montant des richesses produites chaque année par les vingt-huit États membres, ce n’est guère plus brillant : il ne représente qu’un seul petit pourcent de celles-ci.

Pour remplir cette tirelire commune, les 28 doivent mettre la main au portefeuille, mais pas n’importe comment.

Remplir la cagnotte

Chaque État membre verse une contribution calculée en fonction de son poids économique. Comme l’analyse Le Monde, ce «prélèvement sur le revenu national brut (Ressource RNB)» est de loin la première source de financement de l’Union européenne.

Il représente près de trois-quarts (71 %) du budget. Viennent ensuite les droits de douane sur les importations issues de pays extérieurs à l’UE et les prélèvements agricoles (16 %), puis la contribution des 28 sur la TVA (12 %).

Les plus gros contributeurs ? L’Allemagne (19,6 milliards d’euros en 2017) précède la France (16,2 milliards), l’Italie (12 milliards) et le Royaume-Uni (10,6 milliards). Malte est le pays qui contribue le moins (82,4 millions).

Vider la cagnotte

Une des particularités de ce budget, c’est qu’il ne prévoit pas de déficit. Le site Toute l’Europe rappelle cet impératif : l’Union doit équilibrer les dépenses et les recettes. «Jusqu’à présent, l’essentiel des dépenses européennes est consacré à la Politique agricole commune (PAC) (59 milliards) et à la Politique de cohésion (53 milliards), dont l’objectif est de réduire les inégalités régionales et sociales au sein de l’Union.»

À elles seules, ces deux lignes budgétaires représentent 70 % du budget européen. Viennent ensuite le financement de la recherche et de l’innovation, la politique de voisinage et d’élargissement, le soutien aux transports…

Au classement des bénéficiaires, c’est… la France qui arrive en tête. Elle est le pays qui reçoit le plus de fonds de la Politique agricole commune (PAC). Certains pays reçoivent plus que ce qu’ils donnent (Pologne, Grèce, Roumanie), d’autres moins (Allemagne, Royaume-Uni, France).

La Belgique ? En 2017, elle a versé 2,98 milliards d’euros au budget de l’Union. Elle a perçu 2,63 milliards d’euros en droits de douane pour le compte de l’UE, dont elle peut retenir 20 % au titre de frais administratifs.

L’Allemagne en maître

Fin 2018, le Parlement européen a adopté le budget 2019 dans la douleur. 150 millions d’euros supplémentaires pour la recherche, 240 pour Erasmus : pour le président de la commission Budget, Jean Arthuis, l’Europe répond ainsi à deux grandes priorités. «C’est ainsi qu’on prépare l’avenir de l’Europe», déclarait-il dans un communiqué.

Les fonds dédiés à la gestion de la migration (1,1 milliard) ont aussi augmenté (+55,9 % par rapport à 2018). Ceux qui critiquent la politique de cohésion de l’UE déplorent qu’une partie de l’argent aille aux pays les plus riches, qui n’en ont pas forcément besoin.

Mais au final, qui sont les maîtres de l’Europe ? L’Écho a fait les comptes : non seulement les Allemands sont omniprésents aux postes les plus élevés de l’administration de l’UE, mais ils en ont aussi verrouillés les finances.

La Banque européenne d’investissement, le plus grand prêteur multilatéral du monde, c’est eux. Le conseil des crises bancaires, la Banque centrale européenne, basée à Francfort, toujours eux. «Plus rien ne se décide en Europe sans l’aval de l’Allemagne. Aujourd’hui, quand Berlin s’enrhume, c’est toute l’Europe qui éternue.»

Charles Neuforge

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 16/5/2019

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