«La planète des tempêtes» : les prémisses de « Star Wars » ?
Le long métrage de science-fiction russe «La planète des tempêtes» de Pavel Klouchantsev serait le film qui a influencé « Star Wars ».
George Lucas et Stanley Kubrick n’aurait donc rien inventé ? N’exagérons pas… Mais certains geek amateurs de cinéma se sont pris de passion pour cette comparaison pour le moins insolite entre «La planète des tempêtes», 1962, et de plus récents films de science-fiction. Avec raison ?
Les russes et la science-fiction
Nous connaissons tous au moins un film de science-fiction. «Alien», «Avatar», «Blade Runner», etc. Et après ? Ils sont tous américains et la majorité d’entre nous a tendance à oublier que les films de genre ont pu être très présents dans d’autres contrées, mal représentées à l’international. Pourtant, les films russes ne sont pas bien différents de nos bonnes vielles références américaines en matière de science-fiction : vaisseaux, robots, technologie, tous les codes y sont. L’âme soviétique en plus…
« La planète des tempêtes » est un cas à part. Sorti en 1962, il débarque en pleine Guerre Froide, mais aussi en pleine course à l’espace. Un an auparavant, Youri Gagarine était devenu le premier homme à voyager dans l’espace, en somme un héros national. Ajouté à cela la censure que subissaient les réalisateurs puisque le cinéma était financé par l’État et on obtient un contexte particulier, propice à la création. Ou plutôt à la propagande… Il n’en est rien pour «La planète des tempêtes», bien qu’un sentiment patriotique y soit affirmé. Pavel Klouchantsev a réussi à réaliser un film qui se défait astucieusement du joug du communisme, de la censure et de l’obligation de mettre en avant le nationalisme. En somme, il a réalisé un film de science-fiction… à l’américaine, c’est-à-dire en se détachant de l’âme soviétique !
L’Amérique s’en empare
En 1968 déjà, Roger Corman, un recycleur de film américain, s’approprie « La planète des tempêtes » pour le triturer jusqu’à la moelle. Il l’américanise encore un peu plus en gardant la plupart des plans mais en changeant les dialogues. Et c’est ce qui a fait connaître Klouchantsev à Kubrick, Scott ou Lucas. «En route vers les étoiles», un autre film du réalisateur russe, a tôt fait d’impressionner Kubrick qui s’en inspire largement pour «2001, l’odyssée de l’espace».
Plusieurs fois sanctionné pour «La planète des tempêtes» ensuite, Klouchantsev est finalement mis à l’écart et vite oublié. Quand Lucas, de passage à Moscou, demande à le rencontrer en 1990, plus personne ne sait qui il est. Le réalisateur se serait alors offusqué en disant «Mais il est le parrain de Star Wars !».
«La planète des tempêtes» raconte le voyage périlleux de trois vaisseaux spatiaux en route pour Vénus. Un scénario simple de prime abord qui n’est pas sans rappeler le contexte de «Star Wars». Impressionné par les effets d’apesanteur et de mise en situation hors de la terre du réalisateur russe, Lucas a repris cet univers spatial sans hésiter. Pour réaliser finalement l’une des références cinématographiques internationales en matière de science-fiction.
Les liens entre les deux films sont nombreux et il convient de laisser aux passionnés et spécialistes le travail minutieux de comparaison. Mais une chose est sûre : si les soviétiques avaient compris à l’époque l’état d’esprit précurseur de Pavel Klouchantsev, qui allait influencer les Américains, il serait sans doute monté au rang de héros national…
Floriane NYSSEN
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