La mort de Michael Jackson, un «11 septembre culturel»
Le 25 juin prochain, cela fera cinq ans déjà que Michael Jackson nous quittait. En guise d’hommage au Roi de la pop, découvrez notre hors-série en vente dès ce jeudi 12 juin en librairies.
Que reste-t-il aujourd’hui de Michael Jackson ? Un héritage artistique incroyable dont même les plus jeunes se sont emparés avec enthousiasme. La perte de Michael a été un véritable tsunami, un «11 septembre culturel» pour tous ceux dont les étapes de vie ont été marquées par ses succès, sur plus de quatre décennies.
Le plus grand show sur terre
Le précurseur des clips vidéo sous forme de minifilms scénarisés, l’artiste qui a brisé les barrières raciales, le danseur de génie dont les aptitudes épatent les plus doués de ses pairs, n’est pas près de disparaître. Son talent le rend immortel. Admirateur de P.T. Barnum, l’interprète de «Thriller» avait un jour déclaré : «Je veux que ma carrière soit le plus grand spectacle sur Terre.» Mission accomplie.
Plus rentable mort que vivant…
Reste une bouffée d’émotion quand on découvre que Jackson était conscient des affres de la célébrité et s’en méfiait. «Les artistes se doivent d’être corrects pour le public», écrivait-il dans son autobiographie, dès 1988. «Il y a eu, par le passé, des cas tragiques. De grands artistes ont souffert ou sont morts à cause du stress, de la drogue ou de l’alcool. Pour les fans, c’est culpabilisant de ne pas avoir pu empêcher la mort de l’artiste qu’ils aiment et de le voir évoluer. On peut se demander quels films Marilyn Monroe aurait pu interpréter, ce qu’aurait fait Jimi Hendrix dans les années 80.» Ou ce que le roi de la pop ferait aujourd’hui.
Mais ses ayants droit assurent son «avenir». Car le chanteur serait devenu plus rentable mort que vivant. Sony et les avocats de la succession ont convenu d’un contrat de 7 ans. Et de la sortie d’une dizaine de «nouveaux» albums pour un montant de 250 millions de dollars…
Tel un phénix
Si le décès de MJ est insupportable pour ses fans, il l’est aussi pour sa maison de disques. Mais celle-ci a plutôt une mélancolie affairiste. On n’inhume pas une poule aux œufs d’or qui a laissé des centaines de morceaux inédits. Et a généré, selon le magazine Forbes, 160 millions de $ en 2013.
Sony Music a donc récupéré huit titres écrits par la star entre 1983 et 1999 et fait appel aux meilleurs cuistots musicaux (dont Timbaland, producteur de Jay-Z ou encore Katy Perry, et Stargate à l’origine du succès de Beyoncé et Rihanna). À regarder la pochette futuriste, son message est clair : le roi de la pop n’est pas près de s’éteindre.
Un album satisfaisant…
L.A. Reid, le boss de Sony, a sorti «Xscape» le 13 mai dernier. Et doit maintenant s’en féliciter. Contrairement à «Michael», premier disque posthume de 2010, le nouvel opus s’est classé n° 1 dans 50 pays. Mis à part les doléances des Jackson («Nous n’avons rien à voir avec ce CD !») et du batteur des Black Keys («Ce truc est merdique !»), les critiques se disent satisfaits. Joe Levy du Billboard : «Oui, c’est bon, on retrouve l’émotion de Michael». Et Jim Farber du Daily News : «Ça n’est pas artificiel.»
Frissons aux Billboard Music Awards
En revanche, l’apparition de l’hologramme de MJ, le 18 mai 2014, aux Billboard Music Awards, en a fait frissonner plus d’un(e). Le chanteur y a «interprété» son «dernier» hit, «Slave to the Rhythm». Cette surprise, préparée durant un an par 104 techniciens, utilise le processus qui avait réanimé feu le rappeur Tupac en 2012 et fait grimper les ventes de ses «Greatest Hits» de 571 % !
Il y a cependant un risque à déterrer régulièrement Jackson : l’artiste n’étant plus là pour évoluer selon son inspiration, les rafistolages de Sony risquent d’esquinter la nostalgie, voire de fatiguer le public. Le New York Times conclut : «Les archivistes peuvent rafraîchir et « contemporainiser » l’idole, mais ils ne pourront jamais la ressusciter».
Carol Thill
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