Faut-il vraiment avoir peur des parabens ?

Faut-il vraiment avoir peur des parabens ?

Depuis quelques années, les fabricants de produits de beauté utilisent la mention «sans paraben» comme argument commercial. Pourtant, les études scientifiques ne concluent pas clairement à leur caractère toxique.

En 2004, une étude menée par des scientifiques britanniques a relié parabens et apparition du cancer du sein. Les chercheurs ont également suspecté ces molécules d’agir comme des perturbateurs endocriniens. Une étude très controversée dans le milieu médical. Malgré tout, de nombreuses marques de produits de beauté ont décidé de ne plus utiliser ces ingrédients chimiques et d’avancer l’argument «sans paraben» sur les étiquettes. Moins d’inquiétude donc pour le consommateur, et une astuce marketing importante pour le fabricant.
Qu’est-ce que les parabens ?
Ce sont des conservateurs utilisés dans de nombreux produits cosmétiques et pharmaceutiques, mais aussi dans l’industrie agroalimentaire depuis des décennies.
On estime que plus de 80 % des produits de beauté en contiennent, notamment les shampoings, les crèmes hydratantes, les mousses à raser, les gels douche, les déodorants ou encore les dentifrices. Ils constituent un groupe de substances chimiques connues sous d’autres appellations comme esters d’acide parahydroxybenzoïque. Ces conservateurs sont importants, car ils luttent contre les levures, les moisissures et les bactéries.
Absorbés rapidement, métabolisés et excrétés par le corps, les parabens ont longtemps été considérés comme non toxiques. Depuis quelques années, des études ont démontré que ces conservateurs sont allergènes, irritants pour la peau et les yeux, mais n’ont pas prouvé leur effet cancérigène. «Les études sont insuffisantes et contradictoires, l’effet toxique sur la reproduction humaine n’est pas formellement démontré», indique Catherine Desmares, directrice de l’évaluation des produits cosmétiques à l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé).
Conservation plus courte
Puisque la suspicion plane désormais sur les parabens, les laboratoires se sont donc tournés vers d’autres conservateurs comme l’acide benzoïque ou sorbique, l’alcool benzoïque et l’acide déhydroacétique.
Certains fabricants ont créé des produits sans conservateurs qui ont des durées de vie plus courtes que les produits conventionnels (six mois à un an). «Nous ne transigeons jamais sur la qualité et la sécurité de nos produits dont la protection microbiologique est l’une des composantes», commente un responsable du groupe L’Oréal. «Les parabens sont présents dans certaines de nos catégories de produits cosmétiques, uniquement lorsqu’ils sont indispensables. Les concentrations de ces parabens sont rigoureusement sélectionnées pour apporter un juste niveau au produit étudié, dans le strict respect des réglementations internationales, tout en garantissant une parfaite innocuité pour le consommateur.»
Pour le consommateur même éclairé, difficile donc d’y voir clair. Le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs, instance compétente de la Commission européenne, a déjà décidé l’interdiction de deux substances de la famille des parabens et a restreint l’utilisation du propylparaben et du butylparaben. Donc, pas de grand soir pour l’interdiction radicale, mais une substitution progressive. «Les marchands de la beauté ont déjà convaincu les consommateurs que les parabens étaient tous aussi dangereux les uns que les autres, à force de vanter à longueur de publicité les mérites de leurs produits « sans paraben »», conclut un parlementaire européen.
Catherine DOHET

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