Dossier JO : les seigneurs de naguère

Dossier JO : les seigneurs de naguère

Ils, ou elles ont collectionné les pépites d’or, passant au tamis de leur talent toute forme de concurrence, toute envie de résistance. Ils ? Ce sont les dieux des Jeux.

Les dieux des Jeux

Ces champions hors norme sont la préfiguration de l’athlète-surhomme, à l’instar de Paavo Nurmi, ce coureur de fond et de demi-fond finlandais, neuf fois champion olympique entre 1920 et 1928, qui, non content de s’imposer trois entraînements par jour, s’accrochait aux… trains pour travailler l’amplitude de sa foulée.

Et Bob Beamon s’envole…

Cet original doué venait d’inventer le sport moderne. Paavo Nurmi fera des émules, qui, à leur tour, écriront de superbes histoires. Comme Jesse Owens, un petit-fils d’esclave noir que les Jeux de Berlin rendront éternel, ou Mark Spitz, nageur phénoménal, qui, outre ses vingt-six records du monde, accumula les médailles d’or comme un automate : deux en 1968 et sept en 1972. Les yeux de Bob Beamon (notre photo) brillaient et sa bouche tremblait aux dernières notes du «Star Spangled Banner», l’hymne national des États-Unis : c’était après que l’Américain eut réalisé ce bond fabuleux de 8,90 mètres à Mexico, le 18 octobre 1968. Une longueur dantesque. Pour les USA, la «love story» avec les Jeux se poursuivra avec Al Oerter, le premier en athlétisme à avoir décroché quatre titres olympiques de suite (au disque), Carl Lewis (9 médailles d’or de 1984 à 1996), Matt Biondi, qui, comme Mark Spitz hier et Michael Phelps aujourd’hui, marchait sur l’eau, et tant et tant d’autres.
L’Afrique ? C’est dans les pas des Kényans qu’elle s’ouvrira au monde, lorsqu’Amos Biwott remportera, à Mexico, le 3.000 mètres steeple. Kipchoge Keino, Abebe Bikila, Ben Jipcho, Wilson Kiprugut, Hailé Gebreselassie, Miruts Yifter ou Kenenisa Bekele : les hommes frêles des hauts plateaux n’en finiront jamais d’exercer ce qui est l’une des plus grandes dominations d’un continent sur une discipline.

Les femmes, interdites de Jeux

Et avec tout ça, comment ne pas évoquer le Tchécoslovaque Emil Zatopek, les Finlandais Hannes Kolehmainen et Lasse Virén, trio faiseur d’or sur 5.000 et 10.000 mètres, ou l’Américain Jim Thorpe, héros des Jeux de Stockholm en 1912, colosse gargantuesque, décathlonien et pentathlonien hors norme. Son homonyme Australien, prénom : Ian, n’oublia pas de rouler des épaules à Athènes, quand il fut question pour lui de battre Michael Phelps sur 200 mètres, se ruant ainsi sur l’une de ses cinq médailles d’or.
Reste à parler… d’elles ! Interdites de Jeux durant l’Antiquité, réduites au rôle de spectatrices par Pierre de Coubertin qui, sacré macho, considérait que «leurs applaudissements étaient la meilleure récompense pour les athlètes mâles», minoritaires mais plus marginales, elles éclabousseront les épreuves auxquelles elles seront peu à peu conviées dans la plénitude de leur féminité, telles ces poupées graciles nommées Larisa Latynina (18 médailles, dont 9 en or, entre 1956 et 1964) ou Nadia Comaneci, stupéfiante d’élégance à Montréal, en 1976. Et que dire de l’étonnante Mildred «Babe» Didrikson ? À Londres ? On attend les nageuses américaines Allison Schmitt et Melissa Franklin, ou encore Carmelita Jeter, Allyson Felix, les Jamaïcaines Shelly-Ann Fraser et Veronica Campbell, l’Australienne Sally Pearson et la Russe Elena Isinbaeva. Notamment…

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