Christian Lamquet : «Un hommage à la BD sous toutes ses formes !»
L’auteur d’«Alvin Norge», qui dessinera aussi les trois prochains «Alpha» pour Le Lombard, s’en est donné à coeur joie pour «Le Tueur aux mangas» (Casterman), scénarisé par Yann.
Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce projet ?
Je venais de terminer deux années très intenses sur la série «Eco-Warriors» (scénarisée par Marazano et publiée chez 12bis), qui avait demandé beaucoup d’efforts graphiques. J’avais envie de faire quelque chose de différent. J’avais demandé à Yann de m’écrire un scénario sur la guerre 14-18… il m’a envoyé «Le Tueur aux mangas» ! (rires)
Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette histoire ?
Son côté décalé. Bruxelles joue un rôle de personnage à part entière et les ados ont un quotidien d’ado, avec leurs interros, leurs devoirs. En même temps, à travers leurs outils technologiques contemporains de communication, ils se frottent au plus sordide. J’ai fait du manga dans les années 90 pour avoir travaillé chez un éditeur japonais pendant deux ans. Le manga est donc un univers que je connaissais bien. Le fait de pouvoir l’amener dans une BD à l’européenne, dans la capitale de la BD, avec un personnage qui fait de la BD, d’autres qui lisent de la BD, avec de la BD partout sur les murs, je trouvais que c’était une excellente idée. C’est un hymne, un hommage à la BD sous toutes ses formes.
Vous aviez suivi le fait divers de 2007 ?
Comme tous les Belges qui écoutent les infos, de loin. Mais dès que j’avais entendu le mot «manga», mon oreille s’était dressée, mais très vite l’histoire était tombée dans l’oubli et je m’en étais désintéressé. Je n’avais pas, en tant qu’auteur BD, saisi à l’époque le potentiel qu’elle pouvait présenter.
Comment concevez-vous la recherche documentaire ?
J’utilise tout, que ce soit le croquis sur place, la photo, Google Street View pour des rues particulières… Tout est bon dans la mesure où je vais recomposer une vue de Bruxelles propre à cette BD-là. Il ne s’agit pas de reproduire la ville de façon photographique. Ce qui est amusant, c’est à partir de la réalité, de la décaler légèrement.
Quels sont vos projets en cours ?
Je ne peux pas en mener huit de front, moi ! (rires) Deux en tout, et un à la fois de préférence, pour un dessinateur, c’est déjà pas mal en termes d’heures passées devant la planche à dessin. J’ai repris Alpha (Le Lombard). J’ai signé pour trois bouquins. Ça me plairait d’alterner quelque chose de très contraignant comme Alpha, qui exige un dessin très réaliste, quasi clinique, plus rigoureux, austère, et une série comme Le Tueur aux mangas, pour lequel le dessin peut être à la fois précis et approximatif, plus ludique.
Quel est votre rapport aux nouvelles technologies ?
Je suis très branché tablettes graphiques, iPad et compagnie. Quasiment toutes les étapes de mon travail sont dessinées à l’écran. J’ai abandonné le papier depuis le 4e épisode d’Alvin Norge (série qu’il a aussi scénarisée, publiée au Lombard, ndlr). Deux avantages : mon bureau ne ressemble plus à un dépotoir gigantesque et cela m’a permis d’aller au-delà d’un certain niveau de dessin. Le numérique permet le repentir permanent. On peut prendre des chemins de traverse et se planter, sans devoir tout recommencer. Cela permet d’aller plus loin dans la recherche graphique, comme dans la mise en couleur.
Entretien : Julien BRUYÈRE
À lire
«Le Tueur aux mangas – Tome 1», Yann et Lamquet, 12,95 € (Casterman)
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