Burnout parental : une première étude belge instructive !

Burnout parental : une première étude belge instructive !
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

En Belgique, les chiffres les plus prudents suggèrent que 5 à 8% des parents seraient actuellement en situation de burnout parental, soit au minimum 100.000 mères et 50.000 pères. La Mutualité chrétienne et l’UCLouvain ont collaboré à la réalisation d’une première étude mondiale sur la prise en charge de ce syndrome. Les résultats sont encourageants.

« Je suis épuisée; c’est la saturation; rien que d’imaginer ce qu’on va manger le soir, c’est une montagne…; je suis juste en mode survie; le mot ‘maman’, je ne le supporte plus, il est devenu une torture ». Une ronde de témoignages qui illustre parfaitement le burnout parental, dont peuvent être victimes tous les parents exposés à un stress chronique.

L’UCLouvain et la Mutualité chrétienne ont organisé des groupes d’accompagnement avec au total 150 parents en burnout (entre février et juin 2018) pour faire avancer la recherche dans le domaine. Les résultats sont « éloquents ».

Ils montrent qu’en l’absence d’intervention, aucun des symptômes ne se réduit spontanément avec le temps. À l’inverse, les effets positifs des protocoles de prise en charge ont été constatés immédiatement après la fin des huit séances mises en place et tendent à augmenter au fil du temps, pour les deux types d’intervention expérimentés, selon la MC.

Dans le détail, chez les parents qui ont participé aux « groupes de parole » (où les questions sont ouvertes), les symptômes du burnout parental régressent de 22,67%, tandis que chez les parents rassemblés au sein de l’intervention dite « structurée » (où le thérapeute donne les clés pour diminuer le stress et doper les ressources), la réduction est de 32,42%.

« On constate une baisse à la fois des comportements de négligence de 21,49% et des comportements de violence de 23,08% pour les participants au ‘groupe de parole’, contre une diminution de respectivement 24,92% et 28,2% dans le groupe d’intervention structurée. Les effets sur le long terme sont encourageants puisque le niveau du burnout parental des participants a continué à décroître trois mois après la fin des séances », explique Maria-Elena Brianda, doctorante en psychologie à l’UCLouvain.

Des analyses biologiques ont conforté ces données. « Nous avons récolté des mèches de cheveux chez les parents, lors de la première session et trois mois après la dernière séance, pour comparer le taux de cortisol (hormone du stress, ndlr) et évaluer le stress des participants. Au final, on a constaté une diminution de 52% du cortisol capillaire après l’intervention », enchaîne la doctorante.

« Ces avancées nous motivent à poursuivre nos travaux. Nous allons lancer une nouvelle recherche sur le burnout parental. Les personnes intéressées peuvent déjà s’inscrire sur www.mc.be/ateliers-burnout-parental« , précise Moïra Mikolajczak, professeure et directrice de recherche sur le burnout parental à l’UCLouvain. Les résultats sont attendus pour la fin de l’année 2019.

Le burnout parental présente plusieurs facettes tel que l’épuisement, la distanciation affective avec les enfants, la perte d’efficacité et d’épanouissement dans son rôle de parent. Ce syndrome peut avoir des conséquences graves sur le parent lui-même (problèmes de santé, addictions, intentions suicidaires…), sur le couple (irritabilité, conflits…) et sur la relation parent-enfant (multiplication par 13 de risques de négliger ses enfants et par 20 de les violenter).

Généralement, le parent qui en est victime ressent une forte culpabilité. La première mention du terme « burnout parental » date de 1983. Le concept s’est développé dans la littérature scientifique à partir de 2007, pour véritablement exploser en 2017. Aujourd’hui, des chercheurs de 45 pays à travers le globe travaillent sur cette thématique.

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