BJ Scott : «Quand un de mes talents est en danger, je sors mes griffes !» (interview)

BJ Scott : «Quand un de mes talents est en danger, je sors mes griffes !» (interview)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

La coach de «The Voice Belgique» a été appelée à la rescousse pour aider Loïc Nottet dans l’écriture de sa chanson pour l’Eurovision. Explications et révélations.



Aller à l’Eurovision en tant qu’auteure, c’est un rêve qui se réalise ?

Ce n’était pas prévu au départ. Je le jure ! (ndlr : BJ Scott évoquait son envie d’un jour aller à l’Eurovision dans une interview accordée à Télépro en janvier) En fait, il y avait une autre personne sur l’écriture du titre, mais ce parolier n’a pas tenu parole… Loïc m’a demandé de l’aider, c’était vraiment un cas de force majeure. La chanson devait être terminée en quelques heures, et il m’a appelé un peu dans la détresse. Quand un de mes talents est en danger, j’ai le feu dans l’âme et je sors mes griffes de lionne. Mon chouchou a besoin de moi, j’y vais !

Qu’avez-vous apporté ?

Loïc voulait absolument un titre en anglais. D’ailleurs, si c’était pour écrire une chanson en français, j’aurais renoncé à l’aider, mais je l’aurais quand même soutenu à 100 %. On a beaucoup parlé, et j’ai mis sur des mots, les sentiments de Loïc et le message qu’il voulait faire passer. Le plus gros du travail a aussi été de faire en sorte que les paroles rentrent dans un format pour l’Eurovision, c’est-à-dire dans un anglais assez simple. Lui, avait déjà apporté pas mal de choses, mais on a cuisiné autrement la forme et la structure pour donner un plat correct.

Le style de l’Eurovision est à mille lieues de ce que vous chantez ?

C’est le monde à l’envers pour moi ! (rires) Je suis auteure-compositeure et je travaille plutôt sur des projets très rock. Parfois aussi sur de la pop ou même de l’électro. Mais c’est la première fois que je travaille avec quelqu’un d’aussi jeune, et issu de Wallonie. En général, je collabore surtout sur des morceaux produits en Flandre. C’est vraiment une découverte à tous points de vue.

Vous avez un peu le rôle de «maman» de Loïc Nottet pour l’Eurovision ?

Je dirais plutôt que nous sommes partenaires. D’ailleurs sa «vraie» maman est plus jeune que moi ! (Rires) La grande différence avec «The Voice», c’est que Loïc et moi sommes sur un pied d’égalité. On ne dit plus : «Loïc, tu dois faire ça comme ça», mais «Loïc, qu’est-ce que tu penses si on fait une telle chose ou une autre chose ?». C’est une vraie révolution.

Vous avez de souvenirs de soirées passées devant l’Eurovision ?

J’ai découvert l’Eurovision même avant de savoir parler français ! C’étaient toujours des soirées de dérision avec des blagues sur les présentateurs, les chanteurs, etc… Je ne vais pas mâcher mes mots : oui, il y a un côté ringard dans le Concours Eurovision mais qui a été presque revendiqué et même voulu, ces dernières années. On y voit des mises en scène de plus en plus délirantes. Je trouve que la nouvelle génération qui va à l’Eurovision reprend tous les trucs que nous on trouvait un peu «pathos» pour en faire un truc de sublimé, voire parfois burlesque et rocambolesque. On peut voir des acrobates, des ballerines ou des femmes avec une barbe sur la même scène. Conchita Wurst représente l’Eurovision où tout est permis, et c’est ça qui est formidable. Et même un groupe d’autistes (les représentants de la Finlande) y ont une place.

Le strass et les paillettes de l’Eurovision ne vont pas vous déranger ?

Non… j’ai déjà chanté pour des cérémonies olympiques où pendant une semaine nous étions chouchoutés. J’irai à l’Eurovision comme la «fille qui vient d’Alabama» et qui découvre un nouvel univers, les yeux écarquillés. Je vais vivre ça très bien avec un collègue de «The Voice», Nicolas Dorian qui pour moi est un des meilleurs professeurs de chant qui soit. Très bon choriste qui a une voix semblable à celle de Loïc, et qui va le soutenir durant sa performance. On partira en famille, c’est sensationnel !

Comment va réagir le public à «Rhythm Inside» ?

Il va trouver la chanson très différente mais j’espère que les gens vont justement trouver la titre très rafraîchissant. Je crois qu’avec Loïc Nottet, on apporte une petite touche d’élégance qui a manqué à l’Eurovision, ces dernières années… Et je pense qu’il va rentrer dans l’histoire car il n’y a pas beaucoup de jeunes de seulement 18 ans qui présentent leur propre composition (hors Concours Eurovision Junior, NDLR). J’espère que ça fera la différence. J’aimerais que le jury donne justement un peu plus de chance aux «vrais» chanteurs qui osent, plutôt qu’aux titres qui rentrent dans un moule.

Vous auriez relevé ce défi à 18 ans ?

Peut-être. Mais à 18 ans, j’étais un peu folle et trop délirante, donc je ne crois pas que ça aurait pu marcher, mais peut-être qu’avec un autre entourage et un autre soutien, pourquoi pas ! Si la chanson est belle, on s’en fout du reste…

Entretien : Pierre Bertinchamps

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