Ce mardi 10 février à 22h35, Club RTL rediffuse le film-culte qui a révélé Benoît Poelvoorde.
1992, c’est l’année où le cinéma belge se révèle aux yeux du grand public. Avec cet OVNI, Rémy Belvaux et consorts sortent le film événement du Festival de Cannes.
Cinéphile averti ou amateur de septième art à la petite semaine, découvrez 5 secrets de tournage de ce film culte.
1 an de tournage
Bien que le film soit fait avec des petits moyens, il n’en reste pas moins qu’il aura fallu presque une année complète pour le réaliser. Au départ, ils étaient partis pour faire une parodie puis au fil du temps, l’idée de faire basculer le film vers l’absurde a émergé.
«
On a mis près d’un an pour tourner le film, confiait Vincent Tavier (celui qui jouait le preneur de son),
à nos confrères de Moustique. «Et ça a été notre chance car ça nous a donné une certaine maturité. Avec le temps, on a compris que sur la longueur, la parodie ne marcherait pas. On s’est dit qu’il fallait installer le spectateur dans l’absurde pour, peu à peu, le faire tomber dans l’inconfort. C’est pour ça qu’il y a une bascule dans le film. On rigole et puis, arrive la fameuse scène du viol. Et là, on ne rigole plus du tout».
Scène du viol censurée
La scène du viol a été coupée dans plusieurs versions du film destinées à l’exportation. Cette scène, c’est celle où les protagonistes débarquent en pleine nuit violer une pauvre femme avant de la tuer ainsi que son mari, tout en chantant gaiement «C’est la ronde de nuit !». Elle fut notamment coupée dans la version destinée aux Etats-Unis afin d’éviter la censure.
Ambiance orageuse
Sur le tournage, au printemps 1991, l’ambiance n’est pas au beau fixe. La minutie d’André Bonzel pour la photographie s’associe mal avec l’impétuosité de
Benoit Poelvoorde. Au bout de deux semaines,
Rémy Belvaux quitte l’aventure avant de revenir deux mois plus tard. C’est une des raisons, autres que pécuniaires, qui explique la longueur du tournage.
Famille bénévole
À l’origine destiné à être un travail de fin d’études, le long métrage a été tourné avec peu de moyen loin des contraintes du cinéma classique. Le choix du noir et blanc était peut-être un choix artistique pour les raccords entre les plans, mais c’était surtout une contrainte d’ordre économique.
De même que le choix de la pellicule 16mm qui fut gonflée en 35mm pour la présentation cannoise. Beaucoup d’acteurs ont également accepté de tourner bénévolement, comme la mère et les grands-parents de Poelvoorde qui savaient en outre très peu de choses sur le contenu du film lorsque leurs scènes furent tournées.
«On était quatre, épaulés par quelques amis et nos familles. C’était très simple : on partait en bagnole avec un pied, une caméra, et on allait filmer», se remémore Vincent Tavier. «Au début du film, il y avait une scène dans un train où l’on étranglait une nana. Mais comment filmer ça dans un vrai train? À cette époque, mon père organisait des pèlerinages à Lourdes. Et il m’a dit qu’au retour, à Quiévrain, il y avait systématiquement un wagon qui se vidait. On a sauté sur l’occasion. J’ai déposé l’équipe, Ben et l’actrice à la frontière. Et j’ai repris la voiture direction Arlon pour aller les rechercher».
Dur retour à la réalité après la Croisette
En quelques jours, «
C’est arrivé près de chez vous» passe du statut de travail de fin d’études de jeunes fougueux à révélation d’un des festivals du septième art les plus prisés de la planète. Cela ne fut pas sans conséquences. Après l’euphorie des soirées cannoises, le retour au Plat pays est douloureux. Leur amitié ne résiste pas aux conflits sur les droits d’auteur. Belvaux coupe les ponts et s’exile en France où il devient réalisateur de publicité. Dépressif, il se donnera la mort en 2006.
Jordan Wilvertz